Pas facile d’être travailleur frontalier en ce moment. Je ne parle pas des difficultés liées au travail ou aux relents xénophobes véhiculés par quelques mouvements extrémistes, non. Je parle de l’image que donne notre pays à nos voisins.
Les réactions de nos amis suisses vont de l’incrédulité à l’ironie. Les
grèves, les blocages, la pénurie d’essence, les policiers attaqués en
plein jour… la France leur apparaît de plus en plus comme un pays
exotique, aux mœurs étranges qui se saborde en toute conscience.
Alors que l’économie semble aller un peu mieux, ou un peu moins mal, les Français n’hésitent pas à menacer cette fragile reprise. Pour les Suisses, ce scénario paraît totalement surréaliste. D’abord la loi sur le travail aurait été soumise à referendum. Ce qui aurait obligé le Gouvernement et les opposants à argumenter et expliquer clairement leur position. Au peuple, ensuite de trancher. Et alors, quel que soit le résultat, il aurait été accepté par tous.
Autre étrangeté pour nos voisins, les blocages menés par une minorité agissante. Sur ce point, inutile d’argumenter, ils décrochent ! Comment quelques individus peuvent-ils pénaliser toute une population ? Pour nos voisins, l’intérêt collectif doit primer.
Avant de défendre ses intérêts, il faut penser à ceux de l’entreprise. Lorsque le Franc a bondi l’an passé, les syndicats ont accepté très rapidement une augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire dans les entreprises les plus menacées.
Résultat, aujourd’hui elles ont, pour la plupart, surmonté ce mauvais passage et gardé leur personnel ! La culture de la négociation et du compromis, si chère aux Helvètes, n’existe décidemment pas en France voisine.
Autant vous l’avouer, je suis un peu las des railleries, malheureusement justifiées, de mes amis suisses. Bon, pour relever la tête, il ne reste plus qu’un espoir : que la France batte la Suisse le 19 juin lors de l’Euro de football. Si nous perdons, je n’oserai même plus passer la frontière !
Rendez-vous à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de #LaChroniqueDuFrontalier.