Schizophrénie helvète

Vendredi 18 Mai 2018

Schizophrénie helvète

"Repli sur soi et perte de contact avec la réalité". La définition, simplifiée à l'extrême, de la schizophrénie pourrait bien s'appliquer au positionnement de nos voisins face à l'immigration et au travail des frontaliers.

Alors que la Confédération met en place, pour le 1er juillet prochain, une préférence indigène light visant à limiter l'arrivée d’une main d'œuvre étrangère sur le territoire, elle annonce parallèlement que le pays, avec un taux de chômage de 2,7%, est en situation de quasi plein emploi.

Tous les experts le confirment, le pays va connaître, dans les dix prochaines années, un déficit de main d’œuvre qualifiée extrêmement important. Du fait du vieillissement de la population ce sont près de 700 000 postes de travail qui seront à pourvoir, dans quasiment tous les secteurs d'activité et à tous les niveaux.

Comment expliquer alors cette ambivalence ? La première raison tient évidemment à un contexte mondial et européen. Les inquiétudes face à la mondialisation, aux flux de migrants, aux bouleversements technologiques concernent aussi nos voisins. Ils n’échappent pas à cette montée régulière du repli sur soi et du populisme. La votation en 2014 sur la limitation de l'immigration constitue une illustration parfaite. Les cantons ayant voté le plus massivement pour étant ceux qui étaient les moins concernés.

Il est vrai également que la crise de 2008 a aussi concernée la Suisse, certes dans une moindre mesure que la plupart des pays européens mais elle a malgré tout suscité beaucoup d'inquiétudes. Enfin, dans certains cantons comme Genève, la main d'œuvre étrangère est massive et peut créer un sentiment d'envahissement.

En résumé, ces freins à l'arrivée de travailleurs étrangers ne sont pas dictés par des motivations économiques mais bien par des ressentis et des peurs. Il n'en demeure pas moins que le pays prend un risque important.

Son image se ternit et il est à craindre que de plus en plus d’entreprises, mais aussi de travailleurs qualifiés se détournent pour aller vers des territoires plus accueillants.

 

Rédigé par Jean-François Besson, Secrétaire général du GTE, et publié dans le Dauphiné Libéré.
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