L'aide alimentaire en région Franco-Genevoise

La fondation suisse FEDRE (Fondation européenne pour le développement durable des régions) a partagé en septembre sa première Info-Lettre, sur la thématique de l'aide alimentaire. Fruit d'une étude globale sur l'effet frontière, d'autres sujets sont à venir, comme la santé, la mobilité...

Créée à Genève en 1996 dans l’orbite du Conseil de l’Europe, la FEDRE s’intéresse depuis toujours aux régions transfrontalières. En 2023, elle a noué un partenariat avec le Crédit Agricole next bank pour étudier l’effet-frontière sur le pourtour de la Suisse dans divers domaines, dont certains échappent à l’attention du grand public. C’est le cas de ce numéro 1, qui traite de l’aide alimentaire dans la région franco-genevoise, thème brûlant et pour le moment largement inexploré.

Des îlots de pauvreté qui interpellent

À Genève on est légitimement fiers que le concept de développement durable y ait été mis au point par la Commission Brundtland réunie aux Nations Unies entre 1983 et 1987. Mais aujourd’hui, il devient urgent de rappeler que la cohésion sociale figure parmi les trois piliers qui définissent le développement durable (les deux autres sont l’environnement et l’économie). Car le constat est alarmant.

23'000 personnes doivent recourir à l’aide alimentaire sur les 835’000 habitants que compte la Haute-Savoie, pendant que 14'000 personnes sont dans la même situation dans le Canton de Genève qui compte 500'000 habitants, représentant – ce qui risque de surprendre bien des Genevois ! – une proportion quasi équivalente d’une personne sur 36 à l’aide alimentaire des deux côtés de la frontière. Chiffre impressionnant.

Le travail remarquable qu’accomplissent la Fondation Partage à Genève (banque alimentaire créée en 2005) et la Banque alimentaire de Haute Savoie (créée en 1995 et établie près d’Annemasse) mérite largement un coup de projecteur.

Partage et la Banque alimentaire de Haute-Savoie

Pour tenter de faire face, comment ne pas s’attaquer en priorité aux énormes gaspillages d’aliments générés quotidiennement dans nos sociétés ? C’est ce que font les deux organisations qui ont noué des partenariats avec des enseignes et des grandes surfaces pour récupérer les invendus encore consommables et les offrir aux plus démunis sous forme généralement de paniers repas. Il faut y ajouter notamment des dons de particuliers, réalisés par exemple lors des « Samedis du partage » organisés deux fois par an dans les supermarchés https://samedidupartage.ch.

On trouvera plus de détails sur les sites respectifs https://www.partage.ch/fr/ et https://ba74.banquealimentaire.org/

La Fondation Partage comme la Banque alimentaire de Haute-Savoie ont pour caractéristique commune d’être aidées par de nombreux bénévoles et de proposer des contrats d’insertion professionnelle. Sur les 21 salariés de la Banque alimentaire, 17 sont en contrat d’insertion professionnelle en lien avec Pôle emploi, et sur les 40 salariés de Partage, 29 sont au bénéfice d’emplois de solidarité subventionnés par le Canton.

Photos : Banque alimentaire de France

Y a-t-il un effet-frontière sur la pauvreté ?

Les chiffres officiels de l’INSEE 2020 révèlent qu’il y a en moyenne environ 10,5% de personnes sous le seuil de pauvreté dans l’Ain et 9,4% en Haute-Savoie.

Or, on constate que parmi les 26 communes ayant le taux de pauvreté le plus élevé dans ces deux départements, 50% se situent dans le Genevois français, c’est-à-dire dans la zone frontalière, notamment Gaillard (24%), Ferney-Voltaire (23%), Annemasse (22%). Il y a donc une corrélation très forte entre la proximité de la frontière et le taux de pauvreté en France voisine de Genève.

Comment l’expliquer ? Parmi les hypothèses que l’on peut avancer, il apparaît probable que l’augmentation du coût de la vie liée à l’effet-frontière dû à la présence de nombreux frontaliers disposant de salaires genevois (de 2 à 3 fois plus élevés qu’en France voisine) soit une des causes de l’augmentation de la pauvreté dans la zone frontalière.

Coopération transfrontalière dans le domaine de l’aide alimentaire

La Banque alimentaire de Haute-Savoie et la Fondation Partage, qui sont membres toutes deux de la Fondation européenne des banques alimentaires (FEBA), se connaissent bien et collaborent régulièrement. Elles se font même de temps en temps des dons de stocks de denrées lorsqu’elles ont des surplus, ce qui leur permet aussi de diversifier le contenu des paniers repas qu’elles offrent.

Ces dernières années, notamment depuis le Covid, les deux organisations font face à une baisse des approvisionnements alors que le nombre de gens recourant à l’aide alimentaire ne fait qu’augmenter. Dans certains cas, on peut arriver à un point où la demande ne pourrait plus être entièrement satisfaite. C’est en partie pour répondre à cette situation inédite que depuis 2020, la Banque alimentaire de Haute-Savoie procède elle-même à quelques achats directs – par exemple de riz dont elle n’a pas assez. Une des pistes de collaboration à l’avenir pourrait être de procéder à des achats groupés avec Partage.
Partage, banque alimentaire genevoise

Parmi les facteurs positifs, il faut relever qu’il existe actuellement un accord entre la France et la Suisse d’une durée de 5 ans permettant aux véhicules des banques alimentaires de passer la douane sans les formalités d’usage.

Enfin, une anecdote montrant que la zone frontalière est une région fonctionnelle qui transcende les découpages administratifs. La Banque alimentaire de l’Ain, qui se trouve à Bourg-en-Bresse, n’est pas tournée vers le Pays-de-Gex, isolé du reste du département par la chaîne du Jura.  Alors, il faut savoir que c’est la Banque alimentaire de Haute-Savoie, située à proximité, qui opère le plus souvent dans le Pays-de-Gex !

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Information à nos amis de l’Arc jurassien !

L’Arc jurassien franco-suisse soutient des projets transfrontaliers allant jusqu’à 100'000 CHF / €

Délai de soumission : 15 novembre 2023

Pour tous renseignements :

https://www.arcjurassien.org/les-actions/fonds-de-soutien-aux-petits-projets-transfrontaliers

Les demandes doivent être adressées à : fppt@arcjurassien.org