Des détectives pour surveiller les assurés !

Mardi 04 Décembre 2018

Des détectives pour surveiller les assurés !

Il est toujours intéressant de constater combien, d'un pays à l'autre, les valeurs peuvent être différentes. La votation fédérale de dimanche dernier illustre parfaitement cet écart. Nos voisins ont voté, à une très grande majorité : 64,7%, l'observation secrète des assurés soupçonnés de triche.

En clair, cela signifie que les assureurs pourront embaucher des détectives privés pour traquer les fraudeurs à l'assurance sociale. La nouvelle base légale autorise des enregistrements sonores et visuels, le recours à des traceurs GPS fixés sur la voiture ou même l'utilisation d’un drone. Seule contrainte, pour l'utilisation d'un GPS il faudra l'accord d'un juge. Qui plus est, la surveillance ne sera pas limitée à l'espace public. Un assuré pourra être filmé sur son balcon par exemple, la seule condition étant qu'il soit visible d'un endroit librement accessible.

Seuls les cantons de Genève et du Jura ont rejetés cette votation. Et comme très souvent en Suisse le Röstigraben a fonctionné à plein : ce sont les cantons alémaniques qui ont voté très largement en faveur du contrôle.

Une telle votation serait inimaginable en France. Pourtant, le débat chez nos voisins a bien illustré les deux valeurs en opposition. D'un côté la protection absolue de la liberté de l'individu et le respect de sa vie privée, de l'autre la nécessité d'une solidarité sans tricheurs. Les Suisses, s'ils sont convaincus du bienfait des mesures de protection sociale, pensent aussi fortement qu'il ne faut pas tricher avec le système. Le respect des institutions et des règles demeure très ancré.

La pratique d'une démocratie directe, où les citoyens peuvent s'exprimer sur quasiment tous les sujets, les incitent à défendre fortement les acquis contre tous ceux qui souhaiteraient les attaquer mais aussi contre ceux qui en abusent.

En France, un débat sur un sujet aussi brûlant que la surveillance des assurés serait impossible. En Suisse, il peut exister en permettant des débats houleux et passionnés mais qui se concluent par un vote.

Au fait, je n'ai pas vu de gilets jaunes en Suisse !

 

Rédigé par Jean-François Besson, Secrétaire général du GTE, et publié sur le Dauphiné Libéré.
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