Les armes à feu de la discorde

Vendredi 01 Juin 2018

Les armes à feu de la discorde

Voilà bien une spécificité de nos voisins que beaucoup d’entre nous ignorent : les Suisses adorent les armes à feu et en possèdent beaucoup. Combien exactement, personne ne le sait, il n’existe pas de recensement. La Confédération estime quand même qu’un helvète sur deux en possède au moins une, ce qui place le pays en troisième position des citoyens les plus armés au monde, derrière les Etats-Unis et le Yemen.

On est bien loin de l’image d’Heidi dans ses vertes montagnes ! Bien évidemment, il ne s’agit pas de comparer hâtivement la Suisse avec l’Amérique. Les possesseurs d’armes à feu sont dans la quasi-totalité des cas soit des militaires, des chasseurs ou des tireurs sportifs. Il faut rappeler que l’armée suisse est une armée de miliciens et que le citoyen peut conserver son arme à la maison. Rares sont les Helvètes qui achètent une arme pour se défendre. Et d’ailleurs, le taux d’homicides par armes à feu est très faible et n’a rien à voir avec celui des Etats-Unis. Il n’en demeure pas moins que le sujet est très sensible. Comme aux Etats-Unis, il existe un lobby pro armes : Pro Tell qui réagit viscéralement à toute remise en cause du droit de posséder une  arme. Un lobby qui a plutôt bien fonctionné ces derniers temps. Suite aux attentats terroristes, l’Union européenne a demandé à tous les pays, y compris la Suisse qui a signé les accords de Schengen, de limiter la possession d’armes à feu et d’améliorer les contrôles et les autorisations. La Confédération a donc dû proposer une nouvelle loi mais qui a été tellement édulcorée qu’au final rien ne change vraiment. Tout juste est-il demandé aux cantons d’établir des listes de possesseurs d’armes à feu de ceux qui voudront bien se signaler. Il est frappant de constater que, comme aux Etats-Unis, la remise en cause de la possession d’armes par le citoyen provoque des réactions totalement irrationnelles. Un terrain sur lequel la droite populiste entend bien faire campagne et obtenir une votation sur le sujet dans les prochains mois. Et sur ce point, il y a fort à parier que les citoyens suisses et américains se retrouveraient sur la même ligne !

 

Rédigé par Jean-François Besson, Secrétaire général du GTE, et publié dans le Dauphiné Libéré.
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